Comment (vraiment) gagner de l'argent grâce au PER individuel
Sûrement pas en payant 4,75% de frais sur versement
Avertissement : vous vous apprêtez à lire un mail sur le Plan d’épargne Retraite, dont le temps de lecture dépasse cinq minutes. Ce n’est pas à la portée de tout le monde. Endormissement, nausées : les conséquences peuvent être terribles.
Conseils : lisez ce mail en plusieurs fois. Faites des pauses. Sortez respirer un coup. Ca va bien se passer.
Prenons l’avion.
Destination, l’Amérique du Sud.
Nous voici dans une contrée naturelle, entre le Brésil et le Vénézuela.
Si nous sommes là, ça n’est pas par hasard.
Nous sommes à la recherche de l’Eldorado, ce territoire sensé être regorgé d’or.
La richesse nous attend.
Mais la déception pointe : cet Eldorado est impossible à trouver.
Nous avons échoué.
Comme des dizaines et des dizaines d’aventuriers avant nous, depuis plusieurs siècles.
Cette quête de l’Eldorado, elle nous concerne tous en tant qu’investisseurs.
Nous sommes tous à la recherche de LA solution d’investissement à 20% de rendement, sans risque et sans frais.
Mais là aussi, spoiler : elle n’existe pas.
L’épargne retraite n’a jamais fait partie des placements “Eldorado”. Même pas à fort potentiel.
Argent non-flexible, performance moyenne des contrats…
L’herbe est souvent plus verte ailleurs.
Sauf que…
En 2019, le gouvernement met en place la loi PACTE, qui marque une harmonisation des dispositifs d’épargne retraite.
Le Plan d’épargne retraite individuel (PERin) est né.
Il ressemble énormément à son prédécesseur, le Perp, qui fut un fiasco total en terme de collecte.
Pourtant, 2019 marque le début d’une puissante dynamique d’investissements vers le PERin. Elle court encore aujourd’hui.
Comment l’expliquer ?
Le PERin est-il devenu LE produit à détenir ?
D’un côté, les services marketing des banques et des assureurs se sont engouffrés dans la brèche.
La loi PACTE a aidé. Mais aussi la préoccupation croissante des français pour leur retraite.
Résultat : la communication sur les produits d’épargne retraite n’a jamais été aussi importante.
De l’autre, les conseillers de ces mêmes banques, de ces assureurs et de nombreux cabinets de gestion de patrimoine ont aussi choisi de surfer sur cette tendance.
Le PERin est devenu LA solution incroyable qui va résoudre toutes vos problématiques : futures mais aussi présentes !
Elle est pas belle la vie.
Non, le PERin ne va pas changer votre vie.
Oui, il peut être un outil vertueux.
Non, ça ne sera pas le cas pour tout le monde.
Oui, pour qu’il soit pertinent, il nécessite le déploiement d’une stratégie précise.
Voyons-la ensemble.
Les + et les -
Pour déterminer si une solution va me faire gagner de l’argent, j’utilise une technique simple : le tableau des + et des -.
Les + : les éléments qui vont affecter positivement ma rentabilité.
Les - : les éléments qui vont l’affecter négativement.
Le but : en tirer une stratégie qui vise à :
tout faire pour bonifier les +
tout faire pour réduire les -
Si à la fin, les + surpassent largement les -, je passe à l’action.
Concernant le PERin, voici mon tableau des + et des - (notez l’effort pour une écriture lisible).
Bonifier les +
→ Rentabilité des actifs
La “rentabilité des actifs” figure à la fois chez les “+” et et chez les “-”. Pourquoi ? Car lorsque vous le débloquez, il est possible que votre contrat ait généré du rendement (+) ou des pertes (-).
Générer des pertes à un horizon retraite, c’est-à-dire plusieurs (dizaines d’) années, c’est possible ?
Oui.
Si un ou des actifs qui composent votre PERin sont mauvais, ils le resteront. Peu importe l’âge du contrat.
Vous devez viser un contrat qui génère du rendement. Mais pas n’importe lequel.
Une performance annuelle de vos actifs à 6%/an en moyenne n’est pas un objectif ambitieux. C’est un objectif raisonnable, quand les marchés financiers tournent à 8%/an en moyenne.
Cette rentabilité à 6% ne pourra donc venir de la partie sécuritaire de votre PERin, les fonds euros : ils oscillent entre 2 et 3%/an.
La clé réside dans la partie exposée aux risques (marchés financiers, produits structurés…), appelée unités de compte.
Il s’agit de sélectionner les meilleures et leur accorder une part suffisamment importante dans votre contrat face aux fonds euros.
Il n’est pas utile d’avoir 25 lignes différentes. Une, deux ou trois peuvent suffire. Pourvu qu’elles cartonnent.
Pour votre sélection, je vous conseiller d’utiliser l’outil Quantalys.
Notation des actifs
Performances passées
Performances des actifs comparables
Vous y trouverez tous les éléments pour challenger votre contrat existant ou composer au mieux votre futur PERin.
Vous avez peur du risque ?
Le temps joue en votre faveur. Votre contrat va travailler jusqu’à votre retraite.
Si elle a lieu dans cinq ans, dans huit ans ou même plus, les risque sera dilué par l’effet du temps. Sur le long terme, les bons actifs financiers progressent toujours.
→ Gain fiscal à l’entrée
Les versements sur le PERin sont déductibles du revenu brut global. Ils permettent de diminuer le revenu imposable et donc l’imposition.
C’est un élément de rentabilité supplémentaire pour ce dispositif.
L’impact réel sur votre impôts dépend de votre taux marginal d’imposition (TMI), la plus haute tranche à laquelle vos revenus sont fiscalisés. Pour la connaître, voici la grille de référence :
Dans le cas d’un TMI à 11%, un versement de 1 000€ rapporte 110€ de gain fiscal, contre 450€ pour un TMI à 45%.
Le PER n’a donc pas d’intérêt sur un TMI à 0%. Et devient intéressant sur un TMI à 30%, 41% voire 45%.
Minimiser les -
→ Coût fiscal à la sortie : versements volontaires
Restons sur la partie fiscale : que vous débloquiez les fonds du PER en rente ou en capital, les montants perçus s’ajoutent à l’ensemble de vos revenus imposables. Ils sont soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu.
Ils sont donc fiscalisés à votre TMI lors du retrait. Tiens, revoilà cette notion.
Donc : il vaut mieux débloquer un PER avec un TMI à 0% qu’à 45%. Logique.
Mais allons plus loin.
Si les versements sur le PER se sont faits avec un TMI à 45%. Et les retraits aussi avec un TMI à 45% : l’impact fiscal final est nul.
Il est donc indispensable que le TMI au retrait soit plus avantageux que celui lors des versements.
De cet enseignement nait deux questions qu’on ne peut éviter :
1-Comment puis-je me projeter dans cette stratégie quand je suis incapable de projeter mon TMI à la retraite ?
C’est vrai ça…
Pour estimer un TMI à la retraite, il faut s’avoir estimer les revenus qu’on y percevra, son nombre de parts fiscales, les planches et les plafonds des différentes tranches à ce moment-là alors qu’elles sont régulièrement réévaluées… Et encore, les prochains gouvernements pourraient avoir envie de revoir notre système fiscal !
2-Si mon TMI à la retraite est finalement égal à mon TMI lors des versements, ai-je tout perdu ?
Pas de gain fiscal, donc le PER ne fournirait que la rentabilité liée aux actifs qui le composent. Dans ce cas, on peut penser qu’il est dommage de partir sur cette enveloppe bloquée alors que des actifs de qualité peuvent être accessibles ailleurs.
La solution réside en ceci : faire travailler le gain fiscal généré par le PER.
L’idée : le faire fructifier, à chaque fois que vous le percevez, pour qu’il fasse des petits :
→ Réinvestissement sur le PER et donc génération d’un nouveau gain fiscal
→ Ces montants réinvestis sur les actifs qui composent le PER vont être revalorisés avec l’objectif des 6% annuels.
Cette stratégie est à appliquer en toutes circonstances :
→ Le TMI à la retraite est inférieur à celui lors des versements : tant mieux, c’est coup double !
→ Il est identique : le gain fiscal obtenu à l’entrée a pu travailler et permettre de dégager de la rentabilité malgré la perte du gain fiscal à la sortie.
Seule exception : un TMI à la retraite plus haut met en danger la stratégie. Le PER n’est dans ce cas pas intéressant.
Si vous projeter une hausse importante de revenu sà la retraite, pour je ne sais quelle raison, ayez-le en tête.
→ Coût fiscal à la sortie : rendement
En cas de déblocage en rente, les fonds sont fiscalisés :
au barème de l’impôt sur le revenu, après application d’un abattement de 10%
aux prélèvements sociaux (17,2%), pour la quote-part correspondant aux versements volontaires
Pour une sortie en capital :
la quote-part correspondant aux versements volontaires est fiscalisée au barème de l’impôt sur le revenu
le rendement généré est fiscalisé à 30% (12,8% d’IR et 17,2% de prélèvements sociaux).
Il n’est pas possible de jouer ou optimiser ces règles, sauf évolution législative d’ici à votre déblocage.
On peut tout de même réfléchir à comment contrôler l’impact fiscal.
Dans le cas d’une rente, il est subi. Les fonds arrivent, ils sont fiscalisés, pendant la durée de la rente, avec le risque de rendre l’imposition explosive.
Dans cas du déblocage en capital, c’est plus simple. Il est possible, chaque année, d’effectuer des projections et d’estimer le montant idoine à débloquer pour éviter une hausse trop importante de l’imposition.
Condition sine qua non : avoir les ressources suffisantes pour être capable d’étaler ces retraits et non les percevoir immédiatement.
Oups, pas encore ! Allez, un dernier effort !
→ Les frais
Les frais liés au PERin peuvent être nombreux : d’entrée, de gestion, d’arbitrage, sur versement, d’arrérages…
Ils sont à étudier mais pas à réduire à tous prix. Il vaut mieux chercher un équilibre efficient performance du PER/frais : il n’y a pas d’intérêt à détenir un support aux frais bas mais de faible qualité.
Exception pour les frais sur versement : sur n’importe quel type de contrat, ils méritent d’être challengés.
Ils sont pris sur chaque euro que vous versez et peuvent aller de 0 à 5%, ce qui constitue un gap énorme. Leur impact peut être démentiel sur votre rentabilité finale.
Dans le milieu de la gestion de patrimoine, des frais sur versement sont défendus de la sorte : “Vous payez 4% à l’entrée mais vous obtenez votre % de TMI en gain fiscal, faites le calcul, vous êtes gagnant.”
Cette phrase ignore le fait que :
Vous payez de la fiscalité à la sortie du PER
Le PER n’est pas qu’un outil de fiscalité, c’est un outil de capitalisation. Et celle-ci est moins efficiente avec ces frais.
Des frais sur versement à 1% ou moins, c’est possible.
Soyez sur vos gardes.
Respiration
Vous êtes encore là ?
Ca y est, nous avons fini d’écrire la stratégie à déployer.
Voici le résumé des points à appliquer pour un PER qui vous rapporte :
1-Intégrer des actifs très qualitatifs dans le contrat.
2-Donner une part prépondérante aux unités de compte.
3-Plus mon TMI lors des versements est élevé, plus mon rendement est élevé.
4-Le TMI lors des retraits doit être inférieur au TMI lors des versements. S’il vous pensez qu’il sera identique, appliquez le point 5.
5-Réinvestissez le gain fiscal sur le PER pour faire des petits.
6-Le PER n’a pas de sens si votre TMI est de 0% ou 11% ou si vous savez que vos revenus à la retraite seront supérieurs aux revenus actuels.
7-Un déblocage en capital permet de contrôler l’impact fiscal du PER.
8-Porter attention aux frais sur versement..
9-Optimiser les frais, en gardant à l’esprit qu’un contrat performant a un coût.
Si vous rencontrez des difficultés pour déployer certains points, vous savez où me joindre.
Coût d’opportunité
En investissant sur un PER, vos fonds sont bloqués jusqu’à la retraite. Cette contrainte ne peut être exclue lorsqu’on étudie la rentabilité potentielle du support.
Je m’explique.
D’ici à votre retraite, il est probable que vous soyez exposé à une ou des opportunités intéressantes, de quelconque nature. Le type d’opportunités qui mériteraient d’accueillir une partie ou une majorité de vos fonds.
En investissant sur le PER, vous actez le fait que cet argent ne pourra servir pour saisir ces opportunités.
Alors si vous bloquez de l’argent, faites-le efficacement. En appliquant les neuf points précédents.
Hâte que vous me racontiez votre passage à l’action.
Après avoir lu ce mail, j’espère que ce sera (Fiscalité) facile.
Corentin